Jean DEGOTTEX (1918-1988)
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Né à Sathonay-Camp le 25 février 1918 dans un milieu modeste, Jean Degottex passe son enfance à Lyon.
À quinze ans, il part vivre à Paris avec ses parents, quitte l’école et commence à gagner sa vie.
Il fréquente les milieux libertaires et participe à quelques séances de dessin et de peinture au sein des académies libres, notamment l’Académie libre de la Grande Chaumière.
En Tunisie, où il fait son service militaire, puis en Algérie, de 1939 à 1941, il peint ses premiers tableaux, figuratifs, d’inspiration fauve.
Il décide alors de se consacrer entièrement à la peinture.
Dès 1941, il participe au Salon des moins de Trente Ans.
En 1946, il épouse Marie-Rose (Mirose) Patrix, la sœur de Michel Patrix, artiste côtoyé à la Grande chaumière, et en février 1947 naît la fille du couple, Frédérique.
À partir de 1948, il s’oriente définitivement vers l’abstraction. Dès lors, c’est une peinture du geste qui se déploie. Les œuvres de cette période rapprochent alors Jean Degottex de l’abstraction lyrique, courant majeur de l’époque.
En 1949, il expose une première fois chez la galeriste Denise René, qui soutient les artistes de l’avant-garde abstraite, puis à la Galerie de Beaune. La même année, il se lie avec Renée Beslon, poète, plasticienne et critique d’art, qui restera sa compagne jusqu’à sa mort.
Il reçoit le prix Kandinsky en 1951.
En 1953, il expose une première fois à la galerie L’Étoile Scellée, dont le directeur artistique est André Breton. Il le rencontre à plusieurs reprises à partir de 1954. Breton voit dans ses toutes dernières œuvres (Feu noir 12-1955, Ascendant 12-1955) une possible illustration picturale du principe de l’« écriture automatique ». Il lui signale son affinité spontanée avec le lavis et les écritures chinoises et japonaises, et surtout avec la philosophie et les pratiques du zen.
À Saint-Léonard-en-Beauce, puis en Bretagne, à Portsall, en 1953 et en 1954, ses œuvres se présentent encore comme de libres interprétations de la nature, mais à partir de 1954, Jean Degottex s’oriente vers une gestualité abstraite plus radicale.
En 1955, il rejoint la galerie Kléber, dirigée par Jean Fournier. Il y entretient un temps des relations mouvementées avec Simon Hantaï et Georges Mathieu. Il se lie d’amitié avec le poète Bernard Heidsieck, avec les peintres Françoise Janicot, Jean Dupuy et le sculpteur Paul Gette.
En 1959, il intègre la Galerie internationale d’art contemporain, dirigée par Maurice d’Arquian.
La période de 1956 à 1963 est particulièrement féconde.
Il peint souvent des œuvres de grand format, fréquemment en séries creusant une même idée jusqu’à son épuisement : suite Ashkénazi (1957), suite Serto (mars-avril, novembre 1957), suite des Hagakure (novembre 1957), les 18 Vides (1959), suite des Roses (1960), suite des Alliances (1960), les 7 Métasignes (1961), Jshet (1962).
Le geste s’y veut à la fois le fruit d’une longue méditation, et jeté de manière «instantanée» sur des fonds longuement préparés.
Sa fille Frédérique disparaît accidentellement à l’âge de 16 ans. Après une année de désespoir et d’inactivité, il reprend la série des Écritures.
Suivent notamment les suites Rose noire (août 1964), Suite obscure (novembre-décembre 1964), Métasphère (1966), les Etc (décembre 1964/ mars 1967) et Horsphères (1967).
À partir de 1966 et jusqu’à sa mort, il multiplie les périodes de travail à Gordes, dans le Vaucluse.
Il participe au mouvement de création graphique qui accompagne Mai 68.
En 1969, il travaille avec l’architecte Jean Daladier à la conception de maisons-coupoles à Saint-Julien-du-Sault.
Il expose avec lui au Musée d’art moderne de la ville de Paris.
De 1972 à 1976, il monte plusieurs expositions personnelles à la Galerie Germain.
Il se lie à l’écrivain Bernard Lamarche-Vadel et expose, à nouveau chez Jean Fournier, la série des Médias.
Il travaille de plus en plus la matière du papier : des déchirures par exemple en révèlent la texture (série des ARR rouges, puis blancs). La Galerie Germain expose aussi ses Papiers pleins (1974-1975), papiers encollés et décollés par bandes horizontales, et ses Papiers pleins Obliques (1976) aux incisions soulevées par diagonales.
Avec les Papiers-Report (1977), il commence à explorer une nouvelle technique qui consiste à « reporter » par pliage une moitié de la surface de la feuille sur l’autre. Il utilise cette technique d’empreinte sur toutes sortes de support, y compris pour des grandes toiles acryliques : séries des Lignes-Report (1978) et des Plis-Report (1978).
En 1979, il crée spécialement pour une exposition personnelle à l’Abbaye de Sénanque à Gordes, une série de toiles dites Déplis dont de nombreux grands Déplis-Bleu.
Il reçoit en 1981 le Grand Prix national de peinture.
En 1982, il entre à la Galerie de France, dont Catherine Thieck vient de reprendre la direction, et crée les séries des Grilles-Collors, des Oblicollors, des Diacollors.
Ses dernières grandes œuvres sont constituées des Lignes-Bois (1985) et Contre-Lignes Bois (1986), blanches, grises, ou gris bleu.
Le 9 décembre 1988 : Jean Degottex décède à Paris.