Gianni BERTINI (1922-2010)

L’oeuvre de Gianni Bertini est celle d’une personnalité truculente, foisonnante d’idées et souvent encline à la provocation. Licencié de mathématiques, il réalise ses 1ères peintures en autodidacte, à partir de 1947, sont expressionnistes. En 1948-49, il peint la série des Gridi («cris»), inspirés par les mots, chiffres et signaux routiers, (ALT, LUNA, STOP), dans l’esprit des peintures à chiffres que Jasper Johns réalisera ultérieurement. Il rejoint ensuite les peintres de l’Art informel et de l’abstraction géométrique du M.A.C. (Movimento Arte Concreta) à Milan. Les oeuvres de cette période sont présentées en octobre 1951 à la Galleria Numero de Florence. Il s’installe à Paris en 1951 et intègre le courant informel de l’école de Paris, tenant sa 1ère exposition personnelle en 1952 à la galerie Arnaud. De 1954 à 1963, il expose chaque année au Salon de Mai. La mythologie devient à partir de 1954 une source d’inspiration, avec des oeuvres comme Le Talent d’Ulysse, Actéon II surprend Artémis III, L’Affaire Jason.

En 1956, il rencontre Pierre Restany qui le soutient tout au long de sa carrière. Il l’intègre en 1957 à Espaces imaginaires, une exposition à la galerie Kamer d’artistes à la recherche d’une spatialité nouvelle à travers une gestualité allusive.

A partir de 1960, la narration et la réflexion sur la société (à travers des peintures collages intégrant des caractères typographiques, des photos de presse) remplacent ses tentatives de définir l’espace par le geste et la couleur. A Venise à la galerie Gritti en 1962, lors de la manifestation du Pays Réel, il s’approprie, il «bertinise» des images de drapeaux, passeports en les maculant de peinture, ce qui lui vaut une fermeture de l’exposition par les autorités italiennes. En 1963, son oeuvre Chiens de garde à vendre sur laquelle il colle une photo de lui-même nu est reléguée dans les salles du fond du Salon de Mai et déclenche une querelle qui se solde par une lettre de rupture avec le Salon. Proche du Nouveau Réalisme par ses procédés de reproduction mécanique, il mène une critique de la société. Il confronte des images de guerre, de buildings, d’automobiles ou d’avions à des photographies de pin-up ou de sport. Ces associations d’images vulgaires et de citations picturales sont autant d’occasions indirectes de célébrer sa propre personnalité. Dans le même temps, soutenu par Gérald Gassiot-Talabot, il participe aux expositions Mythologies Quotidiennes, Figuration Narrative et Le Monde en question.

En 1965, il adhère au Mec-Art, abréviation de Mechanical Art. Les artistes de ce mouvement, Pol Bury, Alain Jacquet, Mimmo Rotella, réunis par Restany en 1965-1966, utilisent le procédé de reproduction mécanique de photographies sur tout support : émulsion ou sérigraphie sur toile, tissu, plaque métallique. Bertini, l’artiste le plus actif du mouvement, photographie pendant une dizaine d’années des montages composites qu’il reporte sur des parties peintes.

Il crée à Milan deux revues de poésie visuelle : Mec en 1971 et Lotta poetica en 1972. La série de peintures Abbaco, fondée sur la citation et le mélange des genres (les madones portent des enfants déchiquetés par balles), inaugurée en 1976, vise à retrouver la présence de la grande peinture, à travers l’utilisation de l’image photographique.

A partir de 1982, il passe à une logique autoréférentielle, citant ses anciennes oeuvres dans ses créations nouvelles. Il séjourne un temps à Bratislava (Slovaquie) puis rentre à Paris. En 1991, il réalise un cycle d’oeuvres sur la guerre du Golfe, Pour ne pas oublier et en 1992 un nouveau cycle sur Antonin Artaud. En 1997, il lance le manifeste de la «rétrogarde», qui revisite des principes du Mec-Art.

Plusieurs rétrospectives lui ont été consacrées, à Paris (Centre National des Arts Plastiques, 1984), Florence, Pise, et Arras (2002)

Gianni BERTINI (1922-2010)

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